La Société d’habitation du Québec a collaboré à l’organisation du Premier forum québécois sur l’avenir des unités d’habitation accessoires (UHA), qui s’est tenu le 8 février dernier à Montréal. Ce fut l’occasion de mieux documenter ce phénomène qui offre de belles possibilités en matière d’inclusion sociale, de bonification de l’offre de logements abordables, de développement de maisons bigénérationnelles ou encore d’accession à la propriété.
Depuis toujours les gens aménagent ou construisent des logements additionnels pour répondre à des besoins pressants, explique Samuel Descôteaux Fréchette, professionnel de l’urbanisme et coordonnateur général de la firme d’urbanisme à but non lucratif l’Arpent, qui organisait le forum.
« Dans l’histoire récente, c’est surtout dans les périodes de crise que l’on construisait ce type de logements, qui agissaient comme une soupape de sécurité. Par exemple, après la Deuxième Guerre mondiale, le gouvernement encourageait la population à aménager des UHA pour héberger les soldats de retour du front. »
La plupart des villes québécoises ont connu un développement accéléré à la faveur de la prospérité retrouvée de l’après-guerre, explique M. Descôteaux Fréchette. Cela a eu pour conséquence de ralentir considérablement le développement des UHA, dès lors perçues comme non nécessaires, car de nombreux édifices à logements étaient construits.
Aujourd’hui, les UHA sont en développement continu au Canada, mais de manière inégale d’une province à l’autre.
Trois types d’UHA
On retrouve principalement trois types d’UHA :
- les habitations qui se trouvent à l’intérieur d’un bâtiment, comme un demi-sous-sol réaménagé ou un deuxième étage transformé, avec porte d’entrée privée;
- les habitations dites « attachées » à un bâtiment, telles des annexes latérales, qui forment un nouveau logement;
- les habitations dites « détachées », donc pleinement autonomes, situées souvent en arrière-cour, telles des minimaisons.
Modélisations

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Soutien aux ménages à revenu faible ou modeste
En plus de permettre de densifier les villes, les UHA représentent une solution intéressante pour loger les ménages à faible revenu, continue M. Descôteaux Fréchette. Elles ont aussi d’autres avantages.
« Pour de jeunes ménages, faire l’achat d’une propriété est un enjeu financier important. Dans cette optique, l’aménagement d’une UHA dans un sous-sol que l’on pourra ensuite louer représente un revenu d’appoint intéressant pour aider à payer l’hypothèque. »
Solidarité intergénérationnelle
L’aménagement d’une UHA peut également contribuer à maintenir les liens sociaux entre les générations. « On voit de plus en plus de baby-boomers et de personnes âgées faire le choix d’habiter une UHA, pas tant par souci d’économie, mais pour demeurer à proximité de leur famille. Le logement contribue ainsi à maintenir un lien entre le propriétaire du terrain, qui peut être le fils ou la fille, et la personne qui habite l’UHA. »

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UHA et habitat durable
Les UHA peuvent aussi contribuer au développement de l’habitat durable, enchaîne M. Descôteaux Fréchette, mais à certaines conditions : « Pour être vraiment durable, l’UHA doit être construite de manière réfléchie et en respectant certains critères. Par exemple, on doit utiliser des matériaux écologiques et porter attention à l’orientation des fenêtres et à l’aération. »
Mais c’est davantage sur le plan « macro » que le potentiel des UHA en matière d’habitat durable est intéressant, selon M. Descôteaux Fréchette. « Les UHA permettent d’augmenter doucement la population sur un territoire et de limiter l’étalement urbain, en plus de favoriser la revitalisation de quartiers parfois sur le déclin ou faiblement peuplés. Souvent, dans ces quartiers, on trouve de grandes artères avec des infrastructures lourdes, comme des aqueducs et des égouts. Ainsi, l’implantation d’UHA permet d’avoir plus de gens pour payer ces infrastructures et de les optimiser. »
L’arrivée de nouveaux résidents dans un secteur urbain serait également susceptible de favoriser le développement de commerces et de services de proximité et de bonifier l’offre de transports collectifs.
Assouplir la réglementation
Il reste toutefois du travail à faire au Québec pour promouvoir les UHA, constate M. Descôteaux Fréchette. Une réglementation mieux adaptée et des lignes directrices pour les municipalités permettraient de favoriser le développement de ce type de logement. « L’Ontario, par exemple, encourage toutes les villes à avoir des politiques en matière d’UHA. À Ottawa, la réglementation est très permissive, mais très bien encadrée. Cela permet une belle intégration architecturale. »
Pour en apprendre d’avantage sur le sujet, consultez le court métrage de l’Arpent sur des expériences d’UHA.