La précarité financière et la vulnérabilité économique sont le lot de plusieurs jeunes mères de famille monoparentale résidentes d’habitations à loyer modique (HLM). Heureusement, des organismes existent dans plusieurs régions pour les aider à réintégrer le marché du travail ou à effectuer un retour aux études. La Société d’habitation du Québec (SHQ) et le ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale (MTESS) ont dressé le portrait de 11 d’entre eux.
Insécurité, fatigue, précarité, absence de temps libres… Les contraintes auxquelles font face de nombreuses jeunes mères de famille monoparentale rendent souvent difficile la conciliation travail-famille, ce qui contribue à les maintenir dans une situation économique précaire.
Les statistiques à ce sujet parlent d’elles-mêmes : en 2011, le revenu médian des jeunes mères chefs de famille monoparentale s’établissait à 30 100 $, comparativement à 37 800 $ chez les hommes dans la même situation. Le revenu médian des familles biparentales avec enfants était pour sa part de 81 800 $.
Monoparentalité féminine et pauvreté
Sans surprise, la proportion de personnes à faible revenu est également beaucoup plus élevée chez les familles monoparentales ayant une femme à leur tête (33 %) que chez celles dont le parent est masculin (14 %). Cette proportion n’est que de 5 % dans les familles biparentales avec enfants.
« L’amélioration des conditions économiques des personnes est tributaire de plusieurs facteurs, dont l’accès au logement social et à l’emploi », explique Elyse Massé, de la Direction de la planification et du développement des stratégies à Emploi-Québec, qui a contribué au Portrait des initiatives qui permettent d’accompagner dans leur projet d’intégration scolaire ou professionnelle de jeunes mères chefs d’une famille monoparentale qui habitent dans des logements sociaux publié par la SHQ.
Ainsi, les femmes chefs de famille monoparentale sont parmi les groupes les plus susceptibles d’être touchés par la pauvreté, continue Mme Massé. C’est la raison pour laquelle la SHQ et le MTESS ont choisi, dans le cadre d’un engagement conjoint au Plan d’action gouvernemental pour l’égalité entre les hommes et les femmes 2011-2015, de dresser une liste, non exhaustive, des organismes qui soutiennent cette clientèle.

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Des ressources diversifiées
Les organismes répertoriés dans le Portrait offrent des logements sociaux transitoires à de jeunes mères, à condition que ces dernières entreprennent un « projet de vie » visant leur insertion sociale et professionnelle.
Les femmes n’ont pas à signer de bail, par contre elle doivent se fixer des objectifs de vie comme réintégrer le marché du travail ou retourner aux études pour décrocher un diplôme. Mais cela peut aussi être de s’inscrire dans une démarche plus simple comme apprendre à gérer leur budget, développer leurs aptitudes de mamans, ou d’autres projets liés aux difficultés qu’elles vivent, précise Mme Massé.
Des femmes ayant des parcours de vie très différents habitent ces logements sociaux. « Certaines ont une formation universitaire, d’autres ne sont pas scolarisées et ont connu toutes sortes de difficultés. Certaines ont vécu de la prostitution », continue Mme Massé.
Le Portrait recense 11 organismes, dont six situés à Montréal, soit :
- Le Carrefour familial les Pitchou
- Les Habitations communautaires St-Paul Émard
- Mères avec pouvoir (MAP)
- Le Projet Chance à Montréal
- Le Relais des jeunes familles
- Un rayon de soleil à Montréal-Nord
Les cinq autres organismes sont Mères et monde, à Québec, Jeunes mères en action et Le Phare, en Montérégie, la Maison Pauline Bonin, dans Lanaudière et la Villa Pierrot, en Estrie.
Les projets recensés bénéficient du soutien financier de la SHQ, par le biais du programme AccèsLogis Québec, volet III. Ils offrent des services d’accompagnement variés, qui répondent aux besoins particuliers de leur clientèle.
Le Portrait précise que, malgré leurs nombreuses différences, l’objectif commun de ces initiatives est de « favoriser, par une intervention globale qui inclut les dimensions parentale, citoyenne, relationnelle et professionnelle, le développement de l’autonomie des mères marginalisées. Pour atteindre ce but, les organismes collaborent avec des acteurs clés du milieu qui, par leurs services et expertises, contribuent au succès des projets de vie des résidentes ».

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Monoparentalité féminine et travail
Un des grands défis qui se pose à ces jeunes mères est non seulement d’obtenir, mais de conserver un emploi leur permettant de subvenir aux besoins de leurs enfants, ajoute Elyse Massé.
Les femmes de famille monoparentale qui ont de jeunes enfants sont confrontées à plusieurs obstacles liés à leur condition : elles doivent assumer seules leur rôle de parent et gérer l’ensemble du quotidien lié à la monoparentalité. Ce sont des obstacles importants à l’accession au marché du travail parce que cela limite le temps disponible pour chercher un emploi ou l’occuper en permanence. La monoparentalité limite aussi la capacité à être pleinement disposé au travail, tant sur le plan physique que mental.
En effet, selon les données de 2014, 73,8 % des mères de famille monoparentale dont l’enfant avait entre 3 et 5 ans occupaient un emploi. Cette part chutait à 61,2 % dans le cas d’un enfant de moins de 3 ans. Par comparaison, 78,4 % des femmes âgées de 25 à 34 ans occupaient un emploi.
Les mères de famille monoparentale accèdent parfois à des emplois où les conditions de travail sont peu avantageuses, par exemple en ce qui a trait à l’horaire de travail. Ces conditions, combinées à la parentalité et aux obstacles supplémentaires de la monoparentalité, font en sorte qu’il est difficile pour elles de conserver leur emploi et d’ainsi améliorer leur situation économique et financière », observe Mme Massé.

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Plusieurs jeunes mères profitent de leur passage dans une habitation gérée par un des organismes recensés pour compléter leur cours secondaire ou acquérir une qualification professionnelle, technique ou universitaire. Certaines d’entre elles obtiennent un soutien financier d’Emploi-Québec. « L’objectif est d’aider ces femmes à obtenir un diplôme qui leur permettra d’accéder à un emploi », poursuit Mme Massé.
« Le portrait que nous avons dressé témoigne de la grande diversité des ressources offertes par différents organismes selon les régions, qui permet de répondre à des besoins particuliers. C’est une grande richesse », conclut Élyse Massé.