Lorsqu’elle a appris qu’elle avait obtenu le poste de directrice générale de l’Office municipal d’habitation Kativik (OMHK), à Kuujjuaq, Marie-France Brisson a sauté de joie… et versé une petite larme. C’est que la femme, qui aura bientôt 40 ans, réalisera un rêve d’enfance : plonger au cœur d’une communauté autochtone et de sa culture.
« Depuis mon enfance, je porte ce rêve d’aller travailler dans une des communautés autochtones du Québec. Ces dernières ont toujours été mes communautés coups de cœur, en raison de l’attachement qu’elles manifestent à l’égard de leurs traditions et de leur culture. Aujourd’hui, ce rêve devient réalité! », confie Marie-France Brisson.

Source: Marie-France Brisson
Mme Brisson s’envolera pour Kuujjuaq le 29 décembre prochain en compagnie de son conjoint, David Paquette, et de leurs chiens, Django et Yuka.
Elle entrera en fonction au début de l’année à titre de directrice générale de l’OMHK. « J’aime les emplois qui donnent des résultats concrets et tangibles. En habitation, on offre quelque chose de très concret; c’est valorisant et motivant. »
Depuis mon enfance, je porte ce rêve d’aller travailler dans une des communautés autochtones du Québec. Ces dernières ont toujours été mes communautés coups de cœur, en raison de l’attachement qu’elles manifestent à l’égard de leurs traditions et de leur culture.
Aujourd’hui, ce rêve devient réalité!
Changer un peu les choses, améliorer la vie des gens, apporter sa contribution au monde : voilà ce qui a motivé Mme Brisson à laisser derrière elle famille et amis, un bon emploi et une maison confortable, pour sortir de sa zone de confort et plonger dans l’inconnu. Parce que des découvertes, des chocs culturels et des difficultés – l’éloignement, la rigueur du climat, la noirceur –, il y en aura! La future directrice générale s’en dit bien consciente. « Je sais très bien que ce ne sera pas toujours facile; ce sera un vrai défi. C’est pourquoi on doit avoir les bonnes motivations pour embarquer dans un tel projet. On ne peut jamais se dire prêts à 100 %, on n’est pas naïfs! »
De scientifique à gestionnaire
Native de L’Ancienne-Lorette, en banlieue de Québec, Mme Brisson a grandi à proximité de la réserve huronne-wendat de Wendake. À l’adolescence, elle est partie vivre deux ans au Maroc avec sa famille, « une expérience qui m’a permis de découvrir une autre culture », dit-elle.
Elle complète ses études à l’Université du Québec à Rimouski en biologie, plus précisément en aménagement forêt et faune. Elle travaille par la suite quelque temps à Montréal avant de s’installer à La Conception, dans les Laurentides, où elle occupe le poste de directrice générale de la municipalité depuis sept ans. « Je suis tombée par hasard dans le monde municipal », affirme-t-elle.
La polyvalence et les habiletés relationnelles sont les principales qualités d’une bonne directrice générale d’une petite municipalité de 1 300 habitants, soutient Mme Brisson. « On doit devenir rapidement de bons généralistes et être capables de faire de tout : un peu de gestion des ressources humaines, un peu de finance, de la rédaction, des procès-verbaux, de l’urbanisme, de l’environnement, etc. Dans un petit milieu, en particulier, le lien humain est aussi très important, car on doit faire le pont entre le conseil municipal, les employés et les citoyens. »
La parole et la poignée de main semblent des marques de confiance très importantes chez les Inuits, où le lien humain est privilégié. Je pense qu’on recherchait une personne ayant les compétences, mais aussi les aptitudes à s’adapter à une nouvelle culture. On voulait quelqu’un qui est prêt à vivre un choc culturel.
Un processus d’embauche rigoureux
Cette polyvalence et ces qualités humaines, qu’elle a su développer au cours des dernières années, Marie-France Brisson compte bien les mettre à profit dès son entrée en fonction à Kuujjuaq, en janvier prochain.
La prochaine DG de l’OMHK a dû passer par un long processus de sélection comportant plusieurs entrevues avant d’obtenir le poste. « J’ai aussi passé une série de tests, dont des tests psychométriques. En fin de processus, j’ai été convoquée à un entretien final, à Kuujjuaq, pour rencontrer le conseil d’administration. »
La bonne nouvelle est tombée en septembre. « La parole et la poignée de main semblent des marques de confiance très importantes chez les Inuits, où le lien humain est privilégié. Je pense qu’on recherchait une personne ayant les compétences, mais aussi les aptitudes à s’adapter à une nouvelle culture. On voulait quelqu’un qui est prêt à vivre un choc culturel », poursuit Mme Brisson.
Un choix réfléchi
La future DG a déjà commencé à se familiariser avec les dossiers qui l’attendent. Elle aura pour mandat, entre autres, d’assurer la gestion du parc d’habitations à loyer modique des 14 villages du Nunavik. « J’ai déjà hâte de me mettre au travail et de collaborer avec les gouvernements et la Société d’habitation du Québec pour offrir des logements adéquats aux habitants du Nunavik. Un des grands défis sera aussi d’offrir des habitations qui répondent aux besoins particuliers des populations inuites, en conformité avec leur culture et leurs traditions. »
Expéditions en traîneau à chiens, pêche blanche, grand air à profusion, découvertes… Les projets pour meubler le temps hors du travail ne manquent pas dans l’esprit de Marie-France Brisson. Elle assure qu’elle et son conjoint s’engagent au Nunavik pour plusieurs années. « Je suis aussi consciente que mon travail m’occupera beaucoup. Ce ne sera pas du “9 à 5”! Le travail, je vais le croiser à l’épicerie du coin et un peu partout dans la rue. Un emploi comme ça devient surtout un engagement envers une communauté, une culture et un mode de vie. Et notre choix est entièrement réfléchi! »