À 100 ans passés, Yvonne Morin habite seule dans son HLM de Saint-Gédéon, en Beauce, depuis près de 28 ans. La centenaire cuisine encore ses trois repas quotidiens et occupe le reste de son temps à tricoter ou à regarder La soirée canadienne. Portrait d’une aînée qui fait l’éloge de la vie simple.
Au bout du fil, Yvonne Morin s’exprime d’une voix ferme et assurée.
Vive d’esprit, énergique, dotée d’un grand sens de la répartie : on a peine à croire que la femme à qui l’on parle a 100 ans! À tel point que la première question s’impose d’emblée : quel est le secret de sa vivacité et de sa longévité? « Je n’ai pas de secret. Je fais ma petite vie tranquille; je ne sors pas beaucoup. »
Pas de secret? Pas tout à fait! Lorsqu’on la questionne sur ses habitudes en matière de consommation de tabac et d’alcool, sa réponse ne nous surprend pas : « Je n’ai jamais fumé une seule cigarette, ni bu d’alcool. Je n’ai même jamais bu de liqueur. »

Le 11 août dernier, l’anniversaire de Mme Morin a été souligné par la municipalité de Saint-Gédéon et l’Office municipal d’habitation de Saint-Gédéon-de-Beauce. Source : Famille de Mme Doyon
Et une centenaire, ça mange quoi? « Beaucoup de légumes! Mais aussi beaucoup de saucisses, de la viande hachée, du pâté à la viande, des patates pilées et du spaghetti. »
Au fil de la conversation, on perçoit aussi un vif besoin d’autonomie chez Mme Morin, qui tient à s’occuper de son logement et à faire la cuisine elle-même. « Comme ça, quand j’ai faim, je mange! », dit-elle.
Réorganiser sa vie
Yvonne Morin a vu le jour durant la Première Guerre mondiale, le 8 août 1917, à Saint-Gédéon, en Beauce. Elle est la quatrième d’une famille de 19 enfants nés de l’union de Vital Morin et d’Obélline Quirion. « J’ai travaillé aux champs toute ma vie. J’ai travaillé dur, ma vie n’a pas été facile… »
Mariée durant 48 ans à Dominique Gagné, un producteur agricole, elle affirme avoir eu un mariage heureux : « J’ai été très bien avec lui. On ne s’est jamais chicanés. » Elle a eu neuf enfants, dont deux sont aujourd’hui décédés.
Quand son conjoint est mort en 1985, à l’âge de 72 ans, elle a dû réorganiser sa vie. Après avoir vécu seule quelques années dans la maison familiale, elle a obtenu une habitation à loyer modique.
Si elle est très autonome, la centenaire peut tout de même compter sur l’aide de sa fille, Véronique, 66 ans, qui loge dans l’appartement voisin du sien. « On fait notre épicerie ensemble et on partage un repas à l’occasion. »
Pensée positive
Mme Morin passe une bonne partie de ses journées à faire du tricot, son passe-temps favori. Elle dit regarder très peu la télévision « parce que, à part La soirée canadienne, il n’y a pas grand-chose de bon! »
La centenaire a de la difficulté à marcher et doit se déplacer en marchette : « Je prends des marches surtout dans mon appartement. »
Vieillir apporte son lot de petits ennuis, admet-elle. L’important est de ne pas s’apitoyer sur son sort. « J’en ai, des petits bobos, mais je n’en parle pas trop. Je commence à perdre la vue dans un œil, mais je n’en fais pas une chanson… »

Source : Famille de Mme Doyon
Selon ses dires et ceux de son médecin, sa santé est encore très bonne, même si elle doit prendre des comprimés chaque jour pour combattre le cholestérol et réguler sa pression artérielle. « Mon médecin trouve ça bien beau de me voir en bonne santé, je pense. » Lui donne-t-il des recommandations? « Il me dit toujours de faire attention de ne pas tomber. Et moi, je lui réponds toujours : ‟Et vous, quand vous tombez, faites-vous exprès?’’. Quand on tombe, on tombe. Ensuite, on se relève comme on peut et on rentre dans la maison! », conclut-elle, philosophe.