Si la densification résidentielle représente une solution efficace pour la plupart des acteurs responsables des orientations et des plans d’aménagement des villes, chez bon nombre de citoyens, elle soulève plutôt des inquiétudes et du mécontentement.
La densification des milieux de vie apparaît pourtant incontournable compte tenu des problèmes de développement des territoires et de développement durable auxquels tentent de répondre les différents plans et schémas d’aménagement territoriaux. En conséquence, la Société d’habitation du Québec (SHQ) cherche à en favoriser l’acceptabilité sociale, notamment lorsqu’elle réalise ses projets d’habitation.
La première démarche d’importance consiste à consulter les élus, les urbanistes, les promoteurs immobiliers et les citoyens, car la SHQ rappelle que c’est à l’échelle locale qu’elle devrait être étudiée.
Voyons d’abord ce qui nous mène vers cette nouvelle réalité urbaine.
L’étalement urbain, un modèle remis en question
La banlieue essentiellement résidentielle avec services de quartier (écoles, installations sportives et créatives, lieux de culte, etc.), développée au cours de la période d’après-guerre, est un modèle aujourd’hui fortement remis en question par les villes. Les raisons sont multiples.
D’abord, l’étalement des secteurs urbains engendre des dépenses considérables pour les municipalités. Il nécessite notamment la mise en place d’infrastructures coûteuses (conduites d’eau et réseaux d’égouts, d’électricité, de gaz, etc.) et la construction de routes et d’autoroutes pour relier les banlieues à la ville. De plus, l’étalement des nouveaux secteurs urbains se fait au détriment de la préservation des espaces naturels et des terres agricoles et encourage une utilisation massive de l’automobile.
Vers une densification résidentielle et urbaine
La précarité des finances publiques, mais aussi les exigences du développement durable et la croissance démographique, orienteront bon nombre de décisions, au cours des prochaines années. Sur le plan démographique, les différentes communautés locales doivent se préparer à accueillir plusieurs nouveaux résidents. L’Institut de la statistique du Québec prévoit, pour 2031, une augmentation du nombre de nouveaux ménages de 320 000, par rapport à 2006, dans le Grand Montréal, et 59 000 ménages de plus dans la Communauté métropolitaine de Québec.
Cette augmentation s’explique par le nombre grandissant de petits ménages, notamment ceux constitués de personnes âgées de 65 ans et plus, de personnes seules et de couples sans enfant. L’arrivée de ces nombreux citadins entraînera une importante demande de logements et obligera les villes à améliorer leur réseau de transports routier et collectif.
En ce sens, construire de nouveaux ensembles immobiliers là où les infrastructures sont déjà présentes assure des économies substantielles. Mais la densification résidentielle peut aussi devenir un moyen de revitaliser les zones urbaines en déclin, de rentabiliser un réseau de transport collectif et d’utiliser avantageusement les terrains disponibles.
L’acceptabilité sociale, un défi pour les villes!
Si les aspects économiques et environnementaux peuvent rallier la population autour de projets de densification, l’aspect social fait difficilement consensus. Les jeunes adultes voient encore la maison individuelle située en banlieue comme l’endroit idéal pour élever leurs enfants. Pour les citadins, l’opposition repose plutôt sur l’inquiétude de voir la valeur de leur propriété diminuer ou encore que la taille et la hauteur des nouveaux bâtiments soient démesurées. Le risque de congestion routière ou la rareté éventuelle des stationnements suscitent également des craintes.
Bref, l’acceptabilité sociale constitue un défi de taille pour les villes et les promoteurs qui souhaiteraient s’engager dans la réalisation de projets immobiliers d’envergure. De par sa mission, la SHQ s’intéresse de près aux enjeux sociaux liés à la densification. Elle a d’ailleurs consacré à ce sujet une journée entière de réflexion, lors d’une édition des Entretiens sur l’habitat. De plus, une étude effectuée par l’Institut de la statistique du Québec pour le compte de la SHQ met en lumière les facteurs démographiques susceptibles d’alimenter la réflexion sur la densification et son acceptabilité sociale dans l’avenir.
Lien utile
Vous aimeriez en apprendre davantage? Consultez L’évolution démographique et le logement au Québec : rétrospective 1991-2001 et perspectives 2001-2056.