Par Joëlle Pelletier
Les coopératives sont présentes dans presque tous les secteurs de l’économie, de l’agriculture aux services financiers. On en trouve, par exemple :
- dans le domaine agricole : les fermiers ont formé le premier groupe canadien qui a créé des coopératives avec succès dès 1860;
- dans le secteur des services financiers : Alphonse Desjardins, qui a fondé la première caisse populaire au Québec en 1900, a lancé la formule coopérative dans ce secteur.
Et qu’ont-elles en commun, les coopératives? Leur fondement repose sur l’engagement des membres, qui dirigent ces organisations de façon démocratique. Les coopératives se soucient des besoins de leurs membres, de la qualité de vie dans leur collectivité et des bénéfices qu’elles apportent. Ce n’est donc pas surprenant que la Société d’habitation du Québec soutienne ce beau principe de collaboration, qui existe aussi dans le domaine de l’habitation, notamment par l’entremise de son programme AccèsLogis Québec.
Les coopératives d’habitation représentent par ailleurs le plus important groupe de coopératives au Québec, soit près de 1 250 coopératives qui possèdent plus de 27 500 logements. Afin de continuer à développer et à promouvoir la formule coopérative en habitation dans la Belle Province, un réseau a été mis sur pied en 1987 : la Confédération québécoise des coopératives d’habitation (CQCH). À l’occasion de l’Année internationale des coopératives, nous avons posé quelques questions à son président, monsieur Jacques Côté.
En quelle année est apparue la première coopérative d’habitation?
Les premières coops sont apparues à la fin des années 40. Il s’agissait alors de coops de construction bien différentes de celles d’aujourd’hui. Par la suite, dans les années 60, le projet Coop Habitat a été le premier ensemble de logements coopératifs comme nous les connaissons. Ce projet n’a malheureusement pas très bien fonctionné. Les résidents n’étaient pas assez impliqués selon certains. C’est dans les années 70 que sont apparues les coops locatives de petite taille à possession continue, qui existent encore de nos jours.
Comment le besoin s’est-il fait sentir?
Le besoin de se loger est un besoin fondamental. Il se trouve à la base de tous les projets coopératifs que je connais. Parfois, il y a d’autres objectifs connexes, mais nous revenons toujours au besoin primaire d’avoir un toit abordable, sécuritaire et confortable.
Y a-t-il des choses qui se sont améliorées, des recettes plus gagnantes que d’autres?
Les structures associatives sont meilleures qu’elles ne l’étaient et le soutien de l’État est plus important aussi. Par contre, nous assistons à une sorte de standardisation des coops. L’imagination a moins sa place.
Des exemples de coopératives inspirantes?
Ce ne sont pas les coops qui sont inspirantes, mais les gens qui y demeurent et qui s’y impliquent.
Qu’est-ce que les gens ne savent pas d’une coopérative d’habitation et qu’ils devraient ou aimeraient savoir?
Que la formule coopérative offre des possibilités insoupçonnées. Souvent, l’image qu’ont les gens d’une coop, c’est celle d’un immeuble, sans plus. Mais les coopératives d’habitation prennent plusieurs formes. Par exemple, les coopératives La Grande Vie et La Brunante sont des coopératives développées pour les aînés, qui offrent des logements avec, entre autres choses, des services de repas. Chaque résident est amené à contribuer au maintien de la qualité de vie dans son milieu selon ses possibilités. L’Estudiantine à Sherbrooke aussi est une forme de coopérative moins fréquente, puisqu’elle est réservée aux étudiants de l’Université de Sherbrooke. Elle fait la promotion de la prise en charge, par les étudiantes et les étudiants, de leur environnement et de leur milieu de vie.
Aussi, il y a de petits immeubles d’habitation, souvent à deux étages, qui sont regroupés en une grande coopérative, la Coopérative d’habitation des Cantons de l’Est. Les logements de cette coopérative sont répartis dans 40 maisons situées dans tous les quartiers de Sherbrooke : des édifices de 14, 16 ou 17 logements, des plus petites unités de 8 logements, des quadruplex, des triplex, des duplex. À la vue de ces immeubles, on ne peut pas deviner qu’ils font partie d’une coopérative, mais, en fait, ils sont regroupés dans une grande coop avec tous ses avantages. Elle est l’une des plus grosses au Québec, mais ses membres ont l’impression de vivre dans une petite coopérative. Ce sont là plein d’exemples qui démontrent que les coopératives d’habitation peuvent prendre plusieurs formes.
Est-ce que l’Année internationale des coopératives a donné un nouvel élan à votre mission de promouvoir la formule coopérative en habitation au Québec?
Se rendre compte que nous sommes si nombreux dans le monde donne indéniablement une erre d’aller.
Quels sont vos objectifs pour les prochaines années?
Comme nouveau président de la CQCH, je voudrais que les multiples idées et projets des coops d’habitation avancent et se réalisent.
Maintenant bien enracinée au Québec, la formule coopérative en habitation gagnerait à prendre du terrain, car c’est une voie d’avenir prometteuse pour combler les besoins de logement d’un plus grand nombre de personnes.