Par Nathalie Verret
Si le Québec est reconnu pour son approche communautaire en matière de logement social et abordable, la France, quant à elle, possède une vaste expérience de l’évaluation de la performance des organismes gestionnaires de logements sociaux. C’est l’une des raisons pour lesquelles la Société d’habitation du Québec (SHQ) et l’Union sociale pour l’habitat (USH) ont voulu tirer profit de leur savoir-faire respectif en créant un réseau d’échange qui va bien au-delà des quelques missions internationales annuelles. Les deux organisations ont d’ailleurs soumis un projet commun à la 63e Commission permanente de coopération franco-québécoise pour échanger sur ces deux thèmes; projet pour lequel elles ont reçu l’appui de la Commission.
Tirer parti de nos différences
Que l’on fasse référence au nombre de logements sociaux, au mode de gestion ou d’attribution de ces logements ou encore au profil de leur clientèle, les différences entre le Québec et la France sont bien réelles. Par exemple, le parc québécois de logements sociaux, communautaires et abordables est estimé à environ 112 000 logements destinés principalement à des personnes à faible ou à modeste revenu. Celles-ci, souvent aux prises avec des conditions difficiles ou un état de santé précaire, peuvent avoir des besoins particuliers en matière de logement. Par ailleurs, la SHQ et le ministère de la Santé et des Services sociaux ont travaillé conjointement à l’élaboration d’un cadre de référence sur le soutien communautaire afin de faciliter l’émergence d’actions ou de services à l’intention de la clientèle fragilisée qui habite en logement social et communautaire. Encore inexistant en France, ce type d’intervention intersectorielle est d’un grand intérêt pour l’USH.
De son côté, la France administre et gère 4,4 millions de logements sociaux dans lesquels habitent 10 millions d’individus. C’est 64 % de la population française qui est admissible au logement social. La clientèle est donc beaucoup plus importante et plus diversifiée en France qu’au Québec. L’expertise de la France repose notamment sur sa capacité à gérer un très grand volume de logements sociaux. Son champ de compétence en matière de suivi financier des projets immobiliers est unique. Ainsi, le Québec voit dans l’expertise de la France un atout de premier plan dont il peut tirer parti en échangeant avec elle sur les meilleures pratiques de gestion.
Des retombées concrètes pour le Québec
Riche de son partenariat avec l’USH, la SHQ s’est fortement inspirée des outils de gestion conçus par la France pour mettre en place son propre système d’indicateurs de performance qui lui servira à évaluer les projets mis sur pied dans le cadre des programmes AccèsLogis Québec et Logement abordable Québec, et du programme d’habitations à loyer modique. À l’aide de ces indicateurs, la SHQ souhaite créer un programme préventif d’intervention qui contribuera à mieux orienter ses interventions auprès des organismes en difficulté.
Des résultats tangibles pour la France
Pour sa part, l’USH s’intéresse de près aux avancées québécoises en matière de soutien communautaire pour l’amélioration de la qualité de vie des locataires de logements sociaux. D’ailleurs, plusieurs interventions expérimentales, fortement inspirées des modèles d’intervention québécois, sont actuellement projetées dans plusieurs sociétés de HLM françaises.
Une collaboration porteuse d’avenir!
La SHQ et l’USH entendent bien poursuivre leur collaboration au cours des prochaines années. D’ailleurs, plusieurs sujets d’intérêt commun sont actuellement sur la table. Les deux organisations ont chacune de leur côté entrepris une étude pour connaître les retombées sociales et économiques de leurs programmes publics de logement sur la société. Elles souhaitent maintenant échanger sur les méthodes d’analyse, les orientations à prendre ou les indicateurs à concevoir. Plusieurs autres préoccupations communes pourraient également faire partie d’éventuels projets d’échange, comme la gouvernance des organismes, la responsabilité sociale des entreprises, le développement durable dans le domaine de l’habitation ainsi que la mobilisation du personnel spécialisé dans les métiers du logement social et communautaire, pour n’en nommer que quelques-uns.
Avec la collaboration de Sébastien Olivier